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Photo du rédacteurCaroline Haïat

46 artistes israéliens revisitent les classiques dans "Chefs-d'œuvre", à Ein Harod


Tamir Zadok, Mariage juif marocain (2014)
Tamir Zadok. Mariage juif marocain (2014)

Une exposition sensationnelle, intitulée "Chefs-d’œuvre" a ouvert ses portes le 20 septembre dernier au Musée d'art Mishkan du kibboutz Ein Harod, dans le nord d’Israël. Organisée par le talentueux commissaire d’exposition Avi Lubin, l’exposition présente 300 œuvres de 46 artistes israéliens qui reprennent les œuvres canoniques des grands maîtres de l’histoire de l’art occidental. Les artistes, issus de générations et d’horizons différents, dont certains sont des leaders du monde de l’art contemporain, reproduisent à travers des peintures, des dessins, des sculptures ou encore des vidéos, les grands chefs-d’oeuvre, créant un pont significatif entre passé et présent. Parmi eux, Igal Tumarkin, Zoya Cherkassky, Jossef Krispel, Olga Kundina, Ruth Schloss, Fouad Agbaria, Siglit Landau, Aram Gershuni, Michal Helfman, Elie Shamir, Liliane Klapisch, Tamir Zadok ou encore Adi Nes, donnent un souffle nouveau à des oeuvres atemporelles, connues du grand public.


Cet événement artistique sans précédent rend hommage aux œuvres les plus canoniques et les plus appréciées - présentant entre autres "La Cène" de Léonard de Vinci, "La naissance de Vénus" de Botticelli, une série d'autoportraits de Rembrandt, "la Méduse" du peintre Le Caravage, "La Laitière" de Vermeer, "La Liberté guidant le peuple" de Delacroix, "Les désastres de la guerre" de Goya ou encore "La petite danseuse" de Degas, dans une version israélienne actualisée qui explore le lien entre l'histoire de l'art occidental et l'histoire de l'art local.

Dvir Cohen Kedar. Portrait de Jane Seymour (2019)
"Le projet est né il y a quatre ans, pendant le coronavirus. Les frontières étaient fermées et on ne pouvait pas voyager. En Israël, du fait qu’on soit soumis à un confinement sévère, les gens ont eu le temps de découvrir l’art local, et ont eu l’envie de s’y intéresser car ils n’avaient pas la possibilité de le faire ailleurs", explique Avi Lubin
Avi Lubin
Avi Lubin

Avi Lubin a notamment travaillé comme commissaire d’exposition pendant 5 ans à la galerie Hamidrasha de Tel Aviv, puis a dirigé le pavillon israélien à la Biennale de Venise en 2019 et a organisé des expositions entre autres à Tel Aviv, Jérusalem, au Kosovo et à Hambourg, avant de monter ce projet.


"Je me suis demandé pourquoi nous avons besoin d’aller observer ailleurs des œuvres classiques européennes que les artistes israéliens produisent eux-mêmes ici? Je me suis inspiré du dialogue sur la culture, et de ce qu’on peut apprendre l’un de l'autre et des nombreux échanges qui naissent lors des vernissages; puis j’ai commencé à collecter les oeuvres auprès des artistes pour élaborer ce concept unique de voyage à travers les âges et les styles", déclare Avi Lubin.

Les artistes choisis sont originaires des quatre coins d’Israël, du Néguev à la Galilée en passant par le centre du pays. Certaines œuvres sont très surprenantes comme celles de Ruth Schloss qui reproduit des dessins du peintre italien Le Caravage, ou de Sigalit Landau qui dévoile ses sculptures inédites. On découvre aussi de l’art digital mêlé à de l’art classique. 

David Nipo. Autoportrait de Rembrandt
David Nipo. Autoportrait de Rembrandt

Susciter la réflexion sur le lien entre passé et présent 


"A ses débuts, la culture israélienne a voulu opérer une sorte de détachement du passé et se démarquer en proposant quelque chose de nouveau et de moderne. L'art a suivi le même chemin. On peut constater une certaine rupture, où les artistes se sont affranchis des traditions classiques pour s’émanciper et s’ancrer pleinement dans le modernisme. Avec cette exposition, je veux interroger sur la place que l’on doit accorder au passé en termes de création artistique et sur le lien qu'ont les artistes avec leurs prédécesseurs. Finalement, le passé est assez inhérent à l’art actuel", déclare Avi Lubin.

Les artistes israéliens se servent du passé comme base pour proposer une version actualisée non seulement d’un point de vue temporel mais aussi géographique. Ironiquement, l’exposition a lieu dans un kibboutz du nord du pays en plein milieu de la guerre au Moyen-Orient et donne à voir des oeuvres inspirées des plus grands noms de l'art classique.

Anna Lukashevsky. La Liberté guidant le peuple (2021)
"Il y a une sorte de tension entre l’architecture moderne et simple du kibboutz et celle des musées d’art en Europe où sont exposés les grands peintres. Nous donnons ici une large perspective sur l’art israélien qui a cherché sa voie et une mise en lumière de l’art local qui n'est pas uniquement le fait de reproductions mais symbolise bien davantage", affirme Avi Lubin.
Michael Liani. Almog et Tamar (2018)
Michael Liani. Almog et Tamar (2018)

Avi espère que cette exposition touchera un public varié en attirant des personnes qui n'ont pas l'habitude de fréquenter les musées en Israël mais le font à l’étranger. Selon lui, le fait de connaître les oeuvres peut être rassurant pour les plus réticents qui craignent de se trouver désarmés face à de l’art "trop moderne", dont ils n’ont pas les codes.


L’exposition s’adresse tant aux connaisseurs qu’aux amateurs, elle est à découvrir jusqu’au 15 février 2025 au Musée d'art Mishkan du kibboutz Ein Harod, près d'Afoula.


Caroline Haïat



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