"Ma mission est de dévoiler la beauté du monde à travers mes oeuvres", le peintre australien Avraham Vofsi a donné un nouveau souffle à sa carrière en faisant son alyah l’an dernier. Aujourd’hui, son art est profondément inspiré de sa connexion au judaïsme et au peuple juif et désormais, plus particulièrement à la terre d’Israël. Né à Melbourne, Avraham n’avait pas réellement de vie juive en Australie. Ce n’est que fin 2020, à l’âge de 31 ans, qu’il a commencé à se lier aux Juifs du monde entier, y compris d’Israël, via Instagram.
L'artiste crée un nouveau langage visuel pour l'expression juive moderne. Avraham répond aux courants artisitiques de la vie juive moderne, en diaspora et en Israël. Abordant le spectre de l'existence juive, il met en lumière des histoires communautaires et personnelles à travers des portraits, des paysages et des natures mortes à la peinture à l'huile. Il représente des sujets juifs dans le style du réalisme classique européen.
"Je peins depuis 9 ans, avant j’étais réalisateur de films. Au cinéma, vous racontez une histoire qui concerne des personnages et je pense que le portrait est le format le plus adapté pour représenter une histoire personnelle. Le portrait est en réalité la meilleure façon de raconter l’histoire d’une personne car vous vous focalisez sur son visage et ses émotions. Très vite, je me suis spécialisé dans le portrait, au début je peignais mes amis pour m’entraîner, puis j’ai peint des personnes de différentes ethnies et cultures qui avaient des parcours de vie si poignants que je pouvais les faire ressortir dans ma peinture", explique Avraham.
"Après avoir peint pendant 7 ans des personnes de diverses ethnies, je me suis dit qu’il était temps de me pencher sur les Juifs, mon peuple et en 2021, j’ai fait mon premier portrait d’un juif, John Safran, un animateur de radio australien. Il symbolise en quelque sorte mon entrée en matière dans l’art juif", raconte Avraham.
Ce portrait dépeint l'histoire du roi David sur un Goliath vaincu, où John Safran est représenté à la fois comme le vainqueur et comme décapité. En 2022, Avraham a été finaliste du prix Archibald, le prix national de portrait le plus prestigieux d'Australie, pour John Safran dans le rôle de David et Goliath. Le tableau a été exposé à l'Art Gallery NSW et à la National Portrait Gallery, et est conservé en permanence au Musée juif d'Australie.
L’alyah, un tournant significatif
Lorsque l’opération militaire à Gaza "Gardien des murs" éclate en mai 2021, Avraham a un véritable déclic. Le déferlement de haine en ligne contre les Juifs et le parti pris pour la cause palestinienne sont révélateurs pour le jeune peintre : il veut se rendre en Israël et vérifier par lui-même les informations qu’il voit défiler sur la toile.
"C’était la première fois que j’étais exposé au volume brut et à l’intensité d’un antisémitisme débridé qui prend toujours vie en période de conflit. Il était particulièrement douloureux de voir mes ‘bons’ amis proférer de vils mensonges en ligne pendant que mes nouveaux amis couraient vers les abris anti-bombes. Il y avait un décalage entre ce que disaient les Juifs et les Israéliens et ce que disaient tous les autres. Je devais aller découvrir Israël et voir de mes propres yeux ce qui s'y passait. Pour la première fois, j'ai réalisé mon lien étroit avec les Juifs vivant en Israël ainsi qu'avec les Juifs de la diaspora", raconte Avraham.
Avraham fait son premier voyage en Israël en 2022, et réalise une exposition avec 5 portraits et 4 paysages en lien avec son nouvel amour : l'Etat hébreu. Il fera ensuite son alyah en août 2023.
Parmi ses grands projets figurent "B’aretz : Portrait d’une terre (2023)", un regard réfléchi sur sa première visite en Israël et sur l’identité juive croissante ou encore "Essentials : Portraits de travailleurs de première ligne (2022)", un hommage aux travailleurs essentiels des confinements liés au Covid-19 à Melbourne.
Un an de guerre en peinture
Le nouveau projet d’Avraham traite du 7 octobre et de ses différents aspects, une tragédie qui a profondément bouleversé le monde et plongé les Israéliens dans une nouvelle réalité depuis près d’un an. "Depuis le 7 octobre, j'ai travaillé sur différents paysages et portraits et j’essaye de faire ressortir la grâce de cette période très sombre, j’espère que ça va donner au public de l’optimisme et l’aider à réfléchir sur ce que représente le fait d'être Juif aujourd’hui", déclare l'artiste.
Avraham a réalisé 6 grandes peintures et 6 autres plus petites au cours de l’année écoulée, qui représentent tant les paysages meurtris par les bombardements, au nord et au sud, qu’un militaire ayant sauvé des Israéliens du massacre du Hamas ou encore, des voitures de festivaliers de Nova carbonisées par les terroristes.
"Je voulais donner du sens à l’impensable et rendre hommage aux gens touchés par les horreurs de la guerre, je me sens tellement chanceux de pouvoir amener du positif dans le monde en ces temps très durs", affirme Avraham.
L’exposition aura lieu à Jérusalem le 7 octobre, puis en décembre en Australie et ultérieurement à Paris, Londres, Berlin et New York.
Caroline Haïat
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