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Photo du rédacteurCaroline Haïat

Portrait de Kalia Gisèle Littman Cohen, photographier pour guérir


Kalia Gisèle Littman
Kalia Gisèle Littman Cohen

"Dans l’enfance, la photo m’a naturellement choisie", affirme Kalia Gisèle Littman Cohen, jeune photographe israélienne qui s’est spécialisée dans la photothérapie, une auto guérison qu’elle veut aujourd’hui mettre au service des autres. Originaire de la région de Jérusalem, Kalia habite à Tel Aviv depuis 5 ans. Au lycée, elle a étudié l’art et le théâtre, puis a effectué son service dans Tsahal en tant que photographe militaire. Une véritable vocation qu’elle a transformé en carrière professionnelle. A la fin de son service, Kalia a travaillé comme directrice de création au célèbre studio de tatouage Gida à Tel Aviv, elle s’occupait notamment des campagnes sur les réseaux sociaux. La talentueuse Kalia met à profit ses expériences personnelles et se sert de son don pour sublimer ceux qui se trouvent devant l’objectif. Portrait d’une artiste à part entière, qui "capture" les failles et les blessures pour réaliser des œuvres d’art. 


Pendant la période du coronavirus, Kalia a déménagé à Tel Aviv et s’est orientée vers le milieu de la mode. Elle a commencé par photographier des modèles puis a travaillé avec des grandes marques telles que Foot Locker, Coca Cola et Adidas. Mais c’est au cours de ses voyages, notamment dans les pays du tiers monde, en Afrique, au Laos ou encore en Thaïlande, que sa passion pour la photographie s’est affirmée.


"Depuis toute petite, la photo était ma façon de comprendre le monde. J’ai débuté à l’âge de 8 ans et à l'époque, ce n’était vraiment pas commun pour les enfants de toucher aux appareils photos. Au lycée, quand j’ai étudié le théâtre, j’ai pensé à devenir actrice, mais mes voyages ont confirmé l’amour que j’avais pour la photo. Je me suis mise à photographier les différents peuples et cultures, et cet art est devenu mon domaine de prédilection, d'une manière évidente. C’est ce qui m’a permis de m’ouvrir aux autres et de m’exprimer pleinement; j’ai aussi compris avec le temps que je pouvais combiner la photo, la production, le film et le montage et réaliser ainsi un mix d’expériences créatives", déclare Kalia à Itonnews.

Sa première exposition de photothérapie à Tel Aviv


Raviver le traumatisme et le dévoiler au grand jour. A l’âge de 9 ans, Kalia est victime d’un terrible accident lors d’un camp de vacances à Metzoke Dragot, sa monitrice renverse sur elle par erreur de l’eau bouillante; un drame qui lui vaudra un an d’hospitalisation, de grandes cicatrices et une longue réhabilitation.


Exposition sur les cicatrices, Tel Aviv
Exposition sur les cicatrices, Tel Aviv

"Cela m'a pris du temps pour accepter mes cicatrices, je ne me sentais pas à l’aise avec mon corps, puis j’ai compris qu’elles faisaient partie de mon histoire et qu’elles m'avaient construite. J’ai donc décidé de me lancer dans la photothérapie et de monter une exposition sur des personnes qui avaient subi le même sort. C’était le moment pour moi de révéler qui j'étais et surtout d’avoir un impact sur les autres, en leur prouvant qu’avoir des cicatrices est quelque chose de magnifique et qu’il ne faut pas en avoir honte", affirme Kalia.


Exposition sur les cicatrices, Tel Aviv
Exposition sur les cicatrices, Tel Aviv

Après avoir lancé un appel à témoin, Kalia reçoit des dizaines de messages de personnes qui veulent prendre part au projet. En quelques mois, elle photographie 70 personnes, venues de tout Israël. L’exposition a eu lieu au namal de Tel Aviv pendant 10 jours, en mai dernier.


"C’est un sujet sensible car les gens ont du mal à montrer leurs cicatrices, mais j’ai senti qu’ils en avaient marre de se cacher et qu’ils voulaient vivre librement, comme tout le monde. Je voulais que le spectateur prenne conscience de la différence de l’autre et voie à quel point les cicatrices que j’expose sont montrées avec fierté. Comprendre que les gens photographiés assument donne de la force et peut libérer des blocages chez certains, c’était mon but. Je choisis toujours de mettre l'accent sur la beauté, le côté pur et réel, je veux redonner confiance à ceux qui ont perdu pied", explique Kalia.

Chaque jour, entre 200 et 300 personnes ont admiré les clichés de Kalia, dont des familles d’otages qui ont assuré en être ressorties plus fortes.


"L’exposition a eu lieu à un moment où le peuple d’Israël a le plus de cicatrices, et ce sujet parle énormément aux gens car nous sommes en pleine guerre et le peuple souffre", déclare Kalia.


Exposition sur les cicatrices, Tel Aviv
Kalia, exposition sur les cicatrices, Tel Aviv

Certaines photos sont très dures et marquantes, comme celles d’une femme qui a été brûlée à 70% à l’age de 4 ans. Dans l'exposition, le public a aussi découvert une grande photo de Kalia où l'on voit ses cicatrices sur les cuisses. La deuxième partie de l'exposition est actuellement en projet et sortira dans les six mois à venir; elle porte sur les cicatrices invisibles, le post-trauma et les victimes de viol.


Kalia a également fait des séances de photothérapie avec des survivants du festival Nova et des soldats blessés.


Mettre en lumière les défauts


Il y a un an, Kalia a réalisé un projet unique sur Instagram, en photographiant 10 femmes qui ont subi une paralysie faciale partielle pendant des années. "C’est quelque chose qui m’est arrivé personnellement et qui peut toucher tout le monde, mais on n’en parle pas assez et la médecine n’apporte pas tellement de réponse", dit-elle.


Projet sur la paralysie faciale
Projet sur la paralysie faciale
"J'aime photographier les gens tels qu’ils sont réellement à travers les épreuves qu’ils endurent, pour coller au plus près de la réalité, même si elle n’est pas parfaite, car c’est ce qui la rend si belle. Nos faiblesses et nos souffrances sont ce qui nous façonnent et nous élèvent et c’est ce que je veux véhiculer dans mon art", affirme Kalia.

Kalia a pour projet de photographier les otages revenus de Gaza. En attendant, elle travaille sur une grande campagne avec des danseurs pour Adidas, et aimerait exporter son exposition sur les cicatrices en Europe et la vendre aux hôpitaux "pour montrer comment le corps réagit aux événements extrêmes et produit des cicatrices qui nous marquent à jamais".


Le mois prochain, elle débutera son année d’études en photothérapie à l’Université de Tel Aviv et aimerait à l’avenir étudier la photo à Paris ou en Suisse.


Caroline Haïat


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